Julie Picard – Artiste

Compter mes jours
2017

Compter mes jours est un projet réalisé dans le cadre d’une maîtrise en arts visuels avec mémoire sous la direction de recherche de Suzanne Leblanc, École des Arts visuels de l’Université Laval à Québec.

Description du projet (Extrait du Chapitre 4 du mémoire de maîtrise)

Si un jour de plus est un jour de moins, quel est le bilan cumulatif en date d’aujourd’hui (1)? J’ai entrepris un protocole d’atelier qui m’a permis d’additionner l’ensemble des jours de ma vie afin de savoir combien de journées composent ma vie, et d’en connaître le résultat à la fin du projet Le cycle comptable J’ai entrepris de Compter mes jours en mettant en place un protocole de travail d’inscription des données.

(…) Une journée de plus est une journée de moins dans ma vie. À la fois boutade et prise de conscience existentielle, on pourrait être tenté d’y percevoir, avec le plus et le moins, une représentation de la comptabilité à partie double. Cependant, si la partie double d’une entreprise fonctionne à l’image d’une balance, celle de l’existence humaine fonctionne à l’image d’un sablier. Le plus est le moins dans ce circuit fermé. Au principe comptable de continuité se heurte une discontinuité certaine puisque la mort est inévitable.

Au démarrage du protocole, j’avais 38 ans. Une année compte 365 jours. Si on fait le calcul rapide 38 X 365 jours, on obtient 13870. Certaines années sont bissextiles, et depuis l’année de ma naissance, 10 jours s’ajoutent. À l’aide d’un chiffrier Excel, j’ai calculé à partir du jour de ma naissance, le dénombrement de chaque année du 22 mai 1978 au 21 mai 1979 et ainsi de suite, à l’instar de l’exercice financier comptable. Le projet Compter mes jours a pris fin le 21 mai 2017 la veille de mon 39e anniversaire : 14245 jours exactement se sont écoulés. J’ai ensuite retranscrit ces données une à une sur un support papier.

Pour ce faire, je me suis procuré du papier d’impression. J’ai acheté 29 paquets de 500 feuilles mobiles blanches de la marque Rolland Enviro Copi 100(2) du format lettre standardisé américain. Je me suis également procuré un numérateur automatique à encre noire de marque Reiner (3).

Ce numérateur peut imprimer un nombre à 8 chiffres grâce aux 8 mollettes d’impression du modèle Tannco B600/2, ce qui correspond potentiellement à 99999999 nombre de jours, soit 273 784 années, incluant les années bissextiles. Le numérateur choisi n’imprime pas les mollettes positionnées au chiffre 0, c’est-à-dire qu’il n’imprime pas 000000234, mais bien 234, laissant le chiffre imprimé désassocié de la limite technique de son numérateur.

(…)

Tous les choix d’achats de matériel pour ce protocole, soit le logiciel Excel, le papier, le numérateur, les chemises et les boîtes de rangement, ont été motivés par la garantie de leur disponibilité, la facilité d’approvisionnement, leur utilisation courante, actuelle et reconnaissable. Les matières ont été également utilisées en fonction de leur usage prescrit : Excel pour construire un tableau de calcul, le numérateur pour numéroter, le papier d’impression pour recevoir de l’information écrite et imprimée, les chemises de classement pour classer et les boîtes de rangement pour ranger.

Le protocole Compter mes jours aurait pu se conclure avec le tableau de calcul Excel ; le résultat obtenu du nombre de jours avait été ainsi calculé. J’ai plutôt retranscrit le nombre de jours sur un support de papier. Le papier dans ce protocole s’inscrit en affinité et en continuité avec mes œuvres sculpturales antérieures où j’utilise, entre autres, du papier journal (5).

Dans l’atelier, j’ai confectionné un gabarit en carton kraft fixé à une table. Ce gabarit sert, d’une part, à maintenir une feuille Lettre US à plat dans l’orientation portrait et, d’autre part, à positionner le numérateur sur la feuille afin que j’estampe chaque chiffre exactement en plein centre de la feuille. C’est d’ailleurs la seule information que contiendra la feuille.

Le gabarit me permet de répéter l’opération machinalement, rapidement et avec précision. J’imprime sur chaque feuille le nombre correspondant à la journée passée, soit un chiffre unique issu de la suite numérique générée automatiquement par le déclenchement de l’engrenage du numérateur à chaque impression. Les feuilles numérotées sont ensuite empilées en ordre numérique, le numéro 1 étant la première feuille en dessous de la pile et le chiffre correspondant au 21 mai 2017 se trouve donc sur le dessus. Toutes les pages sont identiques mais chaque numéro est un numéro unique.

Chaque année est contenue dans une chemise de classement Staples de format Lettre US de couleur manille. Chaque chemise contient une pile de 365 feuilles ou 366 selon les années bissextiles. Puis chaque chemise est numérotée à l’aide du numéroteur de 1 à 39 sur le dessus et sur l’onglet de la chemise. La chemise numéro 1 contient les documents numérotés de 1 à 365, la chemise numéro 2, les documents numérotés de 366 à 731, et ainsi de suite. Les chemises sont rangées verticalement dans des boîtes de rangement de dossiers Staples en carton 100% recyclé de format Lettre et Légal (4). Les chemises sont rangées en ordre croissant de 1 à 39, chaque boîte peut ranger 9 chemises. Il y a 5 boîtes.

(…) J’ai ensuite fait auditer le protocole Compter mes jours par la firme comptable Laberge Lafleur Brown S.E.N.C.R.L. (On peut consulter le rapport d’audit publié dans le mémoire de maîtrise)

La matière première est reconnaissable, l’information imprimée reste disponible à sa lecture et ses qualités de feuilles et de pages induisent une accumulation tant formelle que quantifiable. Cette démarche a guidé l’utilisation du papier qui se trouve intercepté dans ce nouveau protocole.

J’ai d’abord convoqué la valeur référentielle du document papier à l’ère numérique qui inscrit mon projet dans son époque. Même si l’ère de la fin du papier est annoncée depuis plusieurs décennies, le papier n’a pas atteint son obsolescence et le virage du sans-papier est un enjeu actuel. Le papier choisi de format lettre 8.5 X 11 pouces correspond au standard américain à l’instar de son équivalent Lettre A4 normalisé, et réfère à l’usage administratif de la papeterie de bureau pour les factures et formulaires. De plus, le document papier lui confère une valeur d’authenticité propre à la pièce justificative papier de la convention comptable (6), convention également culturelle largement répandue de la preuve sur papier.

« Il reste admis qu’un contrat, une attestation, un document officiel peuvent être communiqués par voie numérique mais restent d’une valeur douteuse tant qu’ils ne sont pas confirmés par un original établi sur support papier (7) ».

L’ensemble du protocole aurait pu avoir été imprimé depuis un ordinateur, déléguant ainsi le temps de production à une imprimante. J’ai souhaité au contraire imprimer chacune des feuilles à la main, une par une. Le numérateur automatique se charge quant à lui, à l’aide de l’enclenchement de ses engrenages, d’ajouter une unité supplémentaire à chaque impression.

Le protocole pourrait également avoir été produit par qui que ce soit et même par plusieurs personnes. Sa production n’est pas l’expression particulière d’un savoir-faire et ne requiert que très peu d’habiletés manuelles. Par contre, il est effectivement fait à la main. En procédant moi-même à la retranscription de ces données, manuellement, une à une sur un support papier, j’ai d’abord souhaité essayer, dans le sens de faire l’expérience, de compter mes jours, afin de voir ce qu’il adviendrait du résultat.

Je pourrais ne conserver que la feuille du jour qui porte le résultat du solde cumulatif. Par la compréhension du protocole, on saisit que toutes les autres feuilles numérotées lui sont précédentes, jusqu’à 1. La pile de papier dévoile son protocole en se déployant. Le poids du papier et son volume dans l’espace, traduisent matériellement le passage du temps en procédant par analogie.

Étymologiquement, le terme analogie provient du grec analogos, qui signifie : « proportionnel », et d’analogia, qui veut dire « proportion mathématique, correspondance », et, par extension, « analogie » dans ses divers sens actuels (8). Le nombre de feuilles de papier augmente de manière analogue au nombre de jours passés. À ce système analogique de base se superpose l’utilisation de valeurs numériques, au sens strict du terme, par la représentation numérique du nombre de jours à l’aide du numéroteur manuel.

En utilisant les données numériques plutôt que les dates réelles du calendrier, le protocole que j’ai mis en place propose un transfert du nominatif à l’effectif. Ce transfert est conceptuellement similaire à la monétarisation utilisée en comptabilité, transfert qui accorde une valeur monétaire à une chose. L’appariement analogique chose/chiffre permet d’additionner des choses différentes, indépendamment de leur nature, en procédant à une abstraction. La monétarisation est une abstraction, dans le sens où on détache une valeur, exprimée par un chiffre, de la chose initiale.

Si « l’écriture et la notation numérique répond au besoin […] de représenter visuellement et de fixer la pensée humaine, fugitive par son essence même (9) » le système analogique permet de matérialiser, dans l’espace et par la présence d’une masse volumique, cette même essence fugitive qu’est le temps passé.

Cependant, la monétarisation n’est pas une abstraction absolue et objective, car au-delà du chiffre utilisé, ce chiffre représente une valeur monétaire. La monétarisation est une représentation qui n’est pas neutre. La valeur monétaire est spéculative et est soumise à des affects variables.

On a tous vingt-quatre heures dans une journée. Cette équité entre tous les êtres humains comprend cependant une iniquité : la durée de chaque vie. Inconnue, c’est la seule spéculation possible. Notre condition de mortels nous pousse à vouloir tirer une plus-value de chaque journée. Subordonner aux autres mortels la capacité de faire plus avec moins, puis accumuler, encore plus, les fruits de cette capacité de production qui, est certainement la motivation fondamentale de l’érection du système capitaliste.

Pour Compter mes jours, je renonce à recourir à la monétarisation. Je refuse de monnayer le calcul de mes jours, ce qui serait une intrusion, même symbolique, d’une évaluation de la valeur monétaire de mes jours passés et de ma vie (10).

Difficile cependant de s’extraire complètement de la valeur monétaire.Le coût d’acquisition du matériel pour Compter mes jours représente un montant d’argent. J’ai cependant choisi de ne pas dévoiler cette valeur. Si la comptabilité est un système d’information, choisir de ne pas dévoiler l’information fait partie inhérente de l’information. En y renonçant, j’énonce plutôt une posture critique de la définition par le calcul monétaire de la comptabilité contemporaine (11). Dans cette définition (12), je vois une réduction, un simple résultat. J’ai cherché à mettre en place un protocole afin de ne pas avoir de jour qui vaille plus qu’un autre, chaque feuille étant identique aux autres. La page du jour vient aplatir à la fois la valeur et le temps, rapportant à une échelle 1 :1 tous mes jours. Dans l’accomplissement du protocole, le claquement du mécanisme du numérateur ponctue les jours, heures et les minutes. 14245 fois, le même message est martelé : une journée de plus est une journée de moins. Ce travail solitaire requiert une gestuelle régulière et engage une transe sonore, un long tic tac qui se psalmodie.

Bien que chaque journée de ma vie passée ne se soit pas passée de la même manière que la précédente, et qu’à chaque jour qui passe, il s’en passe des choses, chaque journée tient sur une page. Comme la feuille aplatit la valeur et le temps, elle compresse, voire écrase aussi la densité d’histoire vécue des jours passés. La suite numérique et l’ordonnancement des feuilles de papier l’une sur l’autre transfère l’histoire vécue vers un nouveau récit. Une sorte de journal intime qui n’a pourtant rien d’un échange épistolaire, de l’éloquence d’une biographie ou du roman d’aventures. Mais un récit plat, et linéaire.

D’une part, l’action de numéroter un jour après l’autre, depuis le début, est une récitation à moi-même, pour me rendre compte. De ce protocole, je revis chacune des journées dans un espace-temps différent. Trois années écoulées en une heure. Toute ma vie en une journée. Tout ce temps où je n’ai rien fait d’autre que de numéroter chaque feuille.

Sur ces feuilles que j’imprègne, apparaissent parfois des numéros qui me rappellent des dates, des figures …666, 1608, 1984…mais plus les numéros avancent, moins ils réfèrent à quelque chose de connu. Ces minces traces d’anecdotes s’effacent au fur et à mesure pour laisser la place à la suite numérique. Chaque feuille mobile s’ajoute à la précédente pour construire un improbable ouvrage, un grand livre (13).

D’autre part, en formant ce bloc de temps, tel un carottage, les feuilles deviennent l’archive du protocole. « Les archives n’enregistrent pas tant l’expérience que son absence. Elles marquent l’endroit où une expérience est manquante de cet endroit, et ce qui nous est rendu dans une archive peut être quelque chose que nous n’avons jamais possédé en premier lieu (14) ». La lecture de l’archive dévoile aussi un récit, mon compte rendu. Ce récit peut désormais être lu par quelqu’un d’autre. Dans ce récit, il est possible de poursuivre mentalement le processus, d’incrémenter la pile de papier et les inscriptions numériques. Le nombre de jours est théoriquement voué à une accumulation de plus en plus grande et à une augmentation prédictible et invariable (n+1) de la quantité de papier.

L’a priori fondamental de Compter mes jours est qu’il a une fin, contrairement au principe comptable de continuité qui suggère quant à lui l’infini. L’intrigue de ce récit est de savoir quand et quel sera le résultat de cet inventaire, rendu au bout du compte. Et comme « on ne peut évidemment attendre la mort de l’entreprise pour savoir ce qu’elle a gagné ou perdu (15) », la comptabilisation se fait toujours de manière cumulative. Cependant, à chaque journée de plus est une journée de moins dans ma vie, est-ce que les jours s’écoulent ou s’accumulent ?

* * *

Prétendre que le protocole Compter mes jours est inédit n’est pas mon intention. Il s’inscrit consciemment en filiation avec des pratiques artistiques fascinantes qui procèdent à un « arpentage du réel (16) » d’affinité comptable. À titre d’exemple, On Kawara, Roman Opalka, Stanley Brouwn et Tehching Hsieh (17) proposent l’enregistrement et la quantification comme protocoles (18). Je réactive les enjeux soulevés par ces artistes et j’y vois des œuvres que l’on peut compter, des œuvres comptables (19).

On Kawara avec ses Date Paintings inscrit à la peinture sur toile, la date du jour à chaque jour. Il lie l’unité temporelle du calendrier avec la création d’une pièce justificative. Stanley Brouwn dans A walk during one week, se sert de parties de son corps comme unités de mesure de ses déplacements. De même que Roman Opalka, qui dénombre une suite numérique en choisissant « son propre compte à rebours vital en tant que sujet (20) ».

Quant à Tehching Hsieh et son projet Time Clock : One Year Performance 1980-1981, il inscrit avec un horodateur, dans un engageant et exigeant protocole, à chaque heure du jour pendant un an. « Le fondement de la question de la temporalité, le moins visible, le plus indéterminé et le plus glissant des sujets, a conduit à une plus grande utilisation des formes de documentation. En plus de l’objet principal de la performance – l’horloge – mécanisme de comptabilité et de preuve en soi, Hsieh a bonifié son action avec des authentifications plus détaillées et plus légalistes. L’horloge a été scellée par David Milne, directeur exécutif d’une fondation artistique new-yorkaise, qui a également agi comme témoin pour vérifier l’authenticité des cartes perforées. Lorsque la performance s’est conclue, ces artefacts ont été méticuleusement archivés et analysés par Hseih: au cours de l’année, seulement 133 des 8760 punchs possibles n’ont pu être effectués (21) ».

Que me font comprendre ces quatre artistes au regard de Compter mes jours ? Tout comme ont procédé ces artistes, j’ai utilisé une démarche de comptabilisation rétroactive, comme l’exige la convention de la tenue de livres comptable. Ils activent la quête comptable de savoir combien en nous livrant un bloc calculé de temps. La rationalité, la rigueur et la constance des calculs engagés dans le protocole mis en place engagent les fonctions de mémoire et de contrôle comptables. De même, en affinité avec ces artistes et en utilisant des conventions et principes comptables, je convoque l’action d’inscrire, de mettre sur papier. « La retranscription d’une expérience [devient] l’expérience de la retranscription (22) ».

Avec la même intention, les protocoles produisent de l’information, à la différence que chaque artiste a choisi une manière singulière de présenter un spectre d’information, une modélisation, dans la mesure où l’enregistrement de traces, d’écritures, peuvent être sauvegardées, archivées.

« [Ils] s’intéressent à la présence sensible et au marquage du temps à travers l’objet visuel fabriqué (23) ». C’est le marquage du temps, en produisant une pièce justificative, qui le rend mesurable. La nécessité de voir pour se rendre compte matérialise et rend possible la divulgation à l’autre.

À l’instar des projets entrepris dans une durée, voire en continu, la fin de cette entreprise était prédictible. Il est intéressant de souligner que Tehching Hseih annonçait d’avance que ses performances s’arrêteront après un an. Roman Opalka quant à lui, avait acheté toute la peinture nécessaire pour peindre jusqu’à la fin de sa vie (24). « De telles œuvres convoquant la durée, en tant que manifestations qui prennent corps, mettent en évidence l’attention de l’observateur, résolument matérielle et charnelle, […] tout en étant toujours imprégnée d’un sentiment de mortalité et de finitude (25)».

Est-ce que la comptabilité serait un fantasme d’infini, comme l’interprétation conceptuelle du principe de continuité le suggère (26) ? « L’idée de passer le temps et de ne pas donner de résultat, c’est vraiment essentiel et c’est si difficile à exprimer. Something else take place (27) ».

Notes :

  1. Le Bilan est une composante des états financiers standards qui fondent le cadre conceptuel de la comptabilité. Le Bilan décrit la situation à une date donnée. Le Bilan présente toujours l’information cumulative depuis la date de fondation, contrairement à l’État des résultats ou l’État des produits et charges, qui présente plutôt l’information à la fin de chaque exercice financier annuels. Enchâssé dans le Bilan, le Résultat de l’exercice s’y cumule également.
  2. Le papier Rolland Enviro Copi 100 est composé de fibre 100% post-consommation.
  3. Le numérateur Tannco B600/2 imprime à l’encre noire et utilise la police de caractère Antique de 5,5 mm de hauteur.
  4. Les chemises et les boîtes de rangement ont été achetées chez Bureau en Gros, le papier à la Coop Zone Université Laval et le numérateur chez Estampe Ray.
  5. Je décris ainsi ma démarche : Le papier est convoqué dans mon travail de sculpteure en un choix artistique et un engagement personnel qui se poursuit encore aujourd’hui. Par une recherche poétique de la matière, je questionne la notion de pérennité et l’acte de laisser sa trace. Mes oeuvres présentent une réflexion matérielle de l’impermanence, métaphore de notre propre existence.
  6. Enchâssée dans le cycle comptable, l’inscription des transactions provenant des pièces justificatives constitue le lien entre la transaction financière et sa comptabilisation.
  7. BOUYER, Christian, « Média. L’empire de la bureautique », chapitre XI de Histoire du papier, Turnhout, Brepols, coll. « Histoire », 1996. Non paginé. Voir aussi cet ouvrage : GENEST, Françoise, Travail de bureau, Whitby, McGraw Hill, 1971.
  8. IFRAH, Georges, Histoire universelle des chiffres, Paris, Laffont, coll. « Bouquins », 1994, p. 522.
  9. IFRAH, Georges, Histoire universelle des chiffres, op. cit., p. 393.
  10. L’enjeu philosophique est de taille à l’ère de la comptabilité carbone où le calcul de l’empreinte écologique permet désormais de calculer une valeur monétaire, et une spéculation économique, sur l’utilisation des ressources nécessaire à la vie. Voir aussi cet ouvrage : BROHÉ, Arnaud, La comptabilité carbone, Paris, éditions La Découverte, 2013.
  11. La définition de la comptabilité se module à travers l’histoire et constitue en soi un enjeu. Cet enjeu est né de la tension entre les chercheurs en comptabilité, les praticiens comptables, les utilisateurs des états financiers et les organismes de normalisation comptable international tel l’IASB, L’International Accounting Standards Board. http://www.ifrs.org/About-us/IASB/Pages/Home.aspx, consulté le 10/042017.
  12. Tel que décrit précédemment dans le mémoire, c’est plutôt la définition de Bernard Colasse que je convoque, à savoir que la comptabilité est un système d’information, une pratique sociale et organisationnelle, et un instrument de modélisation.
  13. En comptabilité, le Grand livre est la liste de toutes les transactions enregistrées au système comptable, présentées en ordre chronologique et/ou en ordre de traitement de la transaction. Les transactions portent également le nom d’écritures.
  14. Ma traduction. « Archives do not record experience so much as its absence. They mark the point where an experience is missing from its proper place, and what is returned to us in an archive may well be something we never possessed in the first place ». SPIEKER, Sven, The Big Archive. Art from bureaucracy, Cambridge; Londres, The MIT Press, 2008.
  15. Tel que cité précédemment, « on ne peut évidemment attendre la mort de l’entreprise pour savoir ce qu’elle a gagné ou perdu. La nécessité de découper sa durée de vie en périodes, en exercices, nécessité désignée sous le vocable de principe de découpage du temps, relève donc de cette évidence. » COLASSE, Bernard, Les fondements de la comptabilité, Paris, Éditions La Découverte, coll. « Repères », 2007, p. 39.
  16. L’artiste arpenteur du réel, au sujet de Stanley Brouwn, j’emprunte ce terme pour qualifier d’autres pratiques artistiques. GONZAÏ, Stanley Brouwn Artiste-arpenteur effacé, article publié sur le site internet du centre culturel La Gaïté lyrique, France. https://gaite-lyrique.net/article/stanley-brouwn, consulté 01/02/2017.
  17. On Kawara (1933-1914), Roman Opalka (1931-2011), Stanley Brouwn (1935-…) et Tehching Hsieh (1950-…).
  18. Protocole et stratégie critique de l’art et de la société dans leur contexte historique spécifique des années 1960-1970. Voir aussi cet ouvrage : OSBORNE, Peter, Art conceptual, Paris, Phaidon, 2006.
  19. Les projets et démarches denses de ces artistes proposent différentes lectures et points de vue, dont la possibilité d’une réactivation de la critique artiste induite par les protocoles choisis. Par exemple, Tehching Hseih s’est engagé, de manière très contraignante physiquement au calcul par une machine qui est directement liée au monde du travail et de la productivité. Quant à lui, Stanley Brouwn utilise différentes unités de mesures comme référents culturels, politiques et économiques. GONZAÏ, Stanley Brouwn Artiste-arpenteur effacé, op. cit.
  20. Ma traduction. « […] this counting corresponds to the flows of Opalka’s life itself, and since the painter has chosen his own vital mortal countdown, as a subject ». HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now. The Lifeworks of Tehching Hsieh, Cambridge ; Londres, The MIT Press, 2009, p. 18.
  21. Ma traduction. « This foregrounding of the question of temporality, the least visible and the most indeterminate and slippery of subjects, led to a greater use of documentary forms. Through the main object of the performance – the time clock – was itself a mechanism of accounting and proof, Hsieh surrounded his action with more detailed and legalistic type of evidence. The clock was sealed by David Milne, an executive director of a New York arts foundation, who also acted as a witness verifying the authenticity of the punch cards. When the performance finally closes, these artifacts were meticulously archived and analysed by Hseih : during the course of the year he was unable to perform only 133 of the possible 8760 punch-ins ». HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now. op. cit., p. 30.
  22. Propos inspirés d’un texte au sujet de Stanley Brouwn : « Fondée sur une mathématiques terrestre, l’oeuvre 1000 mm 881 mm 864 mm (1974) se présente quant à elle comme le lieu de l’expérience de la transcription du système métrique » Fiche descriptive de l’artiste Stanley Brouwn issue de la collection Fond régional d’art contemporain de Lorraine, France. http://collection.fraclorraine.org/collection/showtext/607?lang=fr, consulté le 01/02/2017.
  23. Ma traduction. « (They) are concerned with the presencing and marking of time within the handcrafted visual object. (…) the labour of the artist become an evident subject as the time of the work’s realization is strongly marked within the time of its reception. However, for Hsieh the artwork is not just the index of a preceding and largely unseen duration, it is the lived duration itself, a lived time that includes numerous indexical forms and varying degrees of visibility ». HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now, op. cit., p. 17.
  24. Extrait d’une lettre de Marina Abramovic adressée à Tehching Hsieh. HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now, op. cit., p. 352.
  25. Ma traduction. « Such durational works, as manifestations of corporeity, bring to the fore of the observer’s attention something resolutely material and fleshly, […] whilst always being imbued with a sense of mortality and finitude ». HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now, op. cit., p.20.
  26. Fantasme qui se déploie certainement aussi dans l’Entreprise à travers les possibilités de l’expansion, de la fusion-acquisition, et de la multinationale.
  27. Ma traduction. « The idea of spending time and not making a result, this is really essential and it is so difficult to talk about. Something else take place ». Extrait d’une lettre de Marina Abramovic adressée à Tehching Hsieh. HSIEH, Tehching ; HEATFIELD, Adrian, Out of Now, op. cit., p. 352